CHAPITRE 8. LES CLANS CHEZ LES GUIDAR
Albert Douffissa
Dans le Groupe Whatsapp Patrimoine Guidar[1], notre frère Bouba Daniel a posé la question suivante : « S’il vous plaît, mes frères, a-t-on le nombre exact des clans de l’ethnie guidar ? Sinon, lançons l’inventaire. »
Il s’agit là d’une question légitime. En effet, chez les Guidar, le clan, əlfa, est le cercle familial par excellence. C’est à l’intérieur des clans que se développent les liens de solidarité les plus importants, qui se manifesteront à des occasions comme les mariages, la fête des jumeaux, les funérailles et la guerre. On est vraiment « frères et/ou sœurs » à l’intérieur du clan. Le clan se distingue par ses devises (əlva) et les interdits (zəga na umuo). A l’intérieur des clans, en principe les mariages sont interdits, et, a fortiori, il est absolument prohibé à un homme d’enlever une femme appartenant à un frère de clan. Cependant, dans les clans larges comme les Melketen et les Məgdara, les mariages sont possibles entre les sous-clans. Certains clans assument les responsabilités de chef de terre (Məsdəlva) ; ce sont les clans fondateurs du village. A d’autres incombe le choix du chef du village ; d’autres encore assument des fonctions sociales importantes comme faiseurs de pluie, forgerons ou prêtres.
- Les différents clans des Guidar.
A la question posée par notre frère, l’ethnologue Chantal Collard a apporté une réponse dans sa thèse sur « L’organisation social des Guidar ou Baynawa » soutenue en 1977 à l’Université de Paris X[2]. Au chapitre 4, « Origine et migrations des lignages », elle rapporte qu’il y a, dans l’ethnie guidar, « 76 lignages (sous-clans) recensés (qui) se regroupent en général sous une étiquette plus vaste : Moukdara, Mambaya, Monsokoyo, Mbana ou Guiziga ».
En gros, les recherches de Collard sont dignes de foi et font d’ailleurs autorité en ce qui concerne notre ethnie. Cependant, il nous revient, ɗiƴ na Kaɗa, d’approfondir ces recherches, en y apportant des compléments d’informations ou des rectificatifs. Par exemple, lorsque Chantal Collard dit, à propos des Məgdara, que « leur interdit alimentaire est mouvo’o (l’hyène) », il me semble qu’elle se trompe. L’animal interdit dans l’alimentation des Məgdara est plus précisément le De’en (Guépard, Acinoxy jabatus jubatus).
Pour ceux qui sont nés et ont grandi dans le pays Kaɗa, il me paraît normal qu’ils connaissent mieux qu’une ethnologue venue d’ailleurs pour deux ans, même si celle-ci utilise une démarche scientifique éprouvée. Nous autres, qui avons été bercés des louanges du clan, qui avons appris à respecter les relations au sein de cette grande famille et avons été éduqués dans le respect des interdits du clan, nous avons le devoir de faire mieux connaitre et transmettre ces grandes valeurs de la culture guidar. Lorsque j’allais chez mes vieux oncles paternels, de notre clan Mədaɓəra, ou même de nos clans frères Məkoriyok et Məsgabəla, ils ne m’appelaient pas par mon nom. Ils se contentaient de dire Tengui et j’en étais fier. De même, ma tante maternelle me flattait ou (se flattait elle-même) en m’appelant « Nat Korvon », parce que ma mère était Məgdara. Enfants, quand Baŋgay waãwaã (Ibis hagedash, Bostrychia hagedash) passait au-dessus de notre tête et criait, nous pensions qu’il s’adressait à nous parce qu’il est notre frère. En effet, Baŋgay est également une autre devise des Mədaɓəra, des Məkoriyok et Məsgabəla. Et on lui répondait avec des mots de flatterie. Nous devons apprendre et transmettre ces valeurs (et non seulement le nom du clan) aux générations futures.
Notre association, GUMA, a, dans son programme l’étude des différents aspects de notre culture, qu’il s’agisse des rites et cérémonies, de la langue, des noms, de l’organisation sociale, etc. Nous envisageons de financer les étudiants et chercheurs qui s’intéressent à ces sujets. Pour autant que les Guidar se mobilisent au sein de cette association et nous en donnent les moyens. Car, en effet, cette importante question ne peut pas être simplement épuisée à travers les réseaux sociaux, où chacun indiquerait de quel clan il est. La meilleure manière d’étudier cet aspect important de la culture guidar, c’est d’encourager nos enfants à s’y intéresser et à engager des recherches sérieuses. Car, je le redis, il ne s’agit pas seulement de citer les clans. Il est question d’étudier les relations multiformes et complexes qui existent à l’intérieur des clans, entre ces clans et même entre certains clans et les ethnies auxquelles ils seraient apparentés.
Il faut encore préciser que les clans, du moins, certains clans, ont donné leurs noms aux villages qu’ils ont créés. Ainsi, les Mədəva ont donné leur nom au village Dəva, les Məgidiya à Gidi, les Məɗəhəla à ɗahal, les Məkarba ont créé Karba, les Məzlama sont les premiers occupants de Zlam, les Məsbəzar à Bəzar et les Məfəla à Matafal. Comme on le verra dans l’extrait de l’ouvrage « Le village de Djougui » ci-dessous, les clans fondateurs des différents villages qui ont constitué plus tard la fédération de Djougui ont donné leurs noms aux plus vieux quartiers.
Les clans de Zigi (Djougui), Hélé et Guérémé
Pour les clans de Zigi (Djougui), nous pouvons nous appuyer sur un extrait de la plaquette que le Comité de développement de ce village a publié à l’occasion de son 20e anniversaire, en 2009.[3]
« Les habitants de Djougui appartiennent tous à des clans. Les principaux clans de Djougui sont constitués, certains de populations habitant un seul quartier et, d’autres, de populations éparpillées sur plusieurs quartiers et villages. Dans le premier groupe, on rencontre les Məsgabəla(ɗi), qui habitent pratiquement tous le quartier Gabəla, les Məsmasa dans le quartier Dəgar, les Mədaɓəra(ɗi) installés uniquement dans le quartier Daɓər, les Məkoriyok(ɗe), peuplant le quartier Koriyok, et les Məbbərzaɗiya(ɗi) qu’on rencontre dans le quartier Boh. Les clans Mədaɓəra, Məkoriyok et Məsgabəla sont des clans apparentés (ils ont le qualificatif principal Tengui en commun), et assument, chacun dans son quartier, la fonction de chef de terre (Məsdəlva). Il en est de même des Məsmasa et des Məbbərzaɗiya(ɗi) auxquels incombent cette responsabilité, dans leurs quartiers respectifs. En ce qui concerne les groupes cosmopolites, on citera d’abord deux des clans les plus peuplés, à savoir les Melketen(ɗe) et les Məgdara(ɗi). Les Melketen(ɗe) sont divisés en deux branches : Melketen na arbaba et Melketen na mənzla. Les premiers ont des responsabilités sur le plan religieux : ils sont chefs de terre (Məsdəlva) dans les quartiers Daway, Mosomo et Bodvor. Ils exécutent les rites précédant les fêtes du village sur le Mont Voru et soignent une maladie infantile appelée arbaba. Les Melketen na mənzla sont, comme leur nom l’indique, les forgerons. Les Melketen habitent presque tous les quartiers, ainsi que Hélé et Guérémé. Les Məgdara(ɗi), quant à eux, se subdivisent en plusieurs sous-clans, notamment Məgdara na Milnya, Məgdara na Parkən, Məgdara na Guzlungur, les Mitirgəlom, les Məstagarɗe, les Mberewendi. C. Collard a recensé jusqu’à 14 lignages appartenant au clan Məgdara (C. Collard. Organisation sociale des Guidar, … p. 103). Par ailleurs, outre leur implantation à Djougui et ses dépendances, cet auteur note que les Məgdara sont dispersés dans le pays guidar à Libé, Guider, Biou, Nioua. Les Məgdara na Milnya sont les détenteurs de la chefferie à Djougui. En principe, pour être candidat à la chefferie, il faut être descendant de ce sous-clan. Ils sont également détenteurs du pouvoir de faire pleuvoir et d’imposer la sécheresse. Un autre clan, celui des Mədərma, dont les membres se retrouvent en familles isolées dans les quartiers Boh, Daɓər et Gədəf Gəla, est le clan Məsdəlva de ce dernier quartier. Quelques clans sont représentés par une ou deux familles chacune, étant venus des villages voisins dans un passé plus récent. C’est le cas des Məksuko et des Məsgbegbere (qui ne sont que des lignages Məgdara, selon Collard), des Məkəraɗi.
Collard répartit l’ensemble des clans kaɗa au sein de cinq entités. Les Məgdara représentent un groupe, à eux seuls ; les Melketin et les Mədərma représentent le groupe Monsokoyo (Momsokoyo, selon la prononciation de Djougui, c’est-à-dire apparentés aux Daba) ; le groupe Mbana (en référence aux Moundang[4] ou à l’orientation est) est représenté à Djougui par les clans Mədaɓəra, Məkoriyok, Məsgabəla et les Məbbərzaɗiya, tous clans de chefs de terre ; le groupe des guiziga est représenté par les Məsmasa tandis que, le cinquième groupe, les Məsbəzar(Mambaya), vaste clan qui compte plus de vingt lignages et occupe tous les territoires de Bidzar, Kongkong, Lam et leurs dépendances, n’est pas représenté à Djougui, sinon que par une ou deux familles immigrées de Məsbasaya. »
En résumé donc, les clans de Zigi sont :
- Məkoriyok(ɗe), comme fondateurs du quartier Koriok de Zigi Boh, où on les rencontre presqu’exclusivement. Un Məkoriyok qui habitait à Daɓər, dirigé par un clan frère, organisait la chasse dite upuro (upuro na Parma) ;
- Mədaɓəra(ɗi), fondateurs et Məsdəlva du quartier Daɓər de Zigi Boh ; dispersés suite à une fuite pour cause de vendeta, ils ne sont que quelques familles à Djougui, les autres vivant à Zlam, Karba, Wayeba, et surtout dans plusieurs villages du Tchad comme Pozloro; on ne les rencontre pas dans d’autres quartiers de Zigi. Les Mədaɓəra sont prêtres en charge du culte sur le Mont Guzlungur et dans le bosquet de l’ilôt Mətəwərkəŋ. C’est le clan qui a introduit la circoncision à Zigi, ramenant cette pratique de l’exil en pays mundaŋ. C’est également un membre de ce clan qui organise la battue dans une des zones de chasse de Zigi (hellek na Vondu na Tiŋzaŋ) ;
- Məsgabəla(ɗi), fondateurs et Məsdəlva du quartier Gabəla Golom du village Zigi Gabəla; eux aussi habitent presqu’uniquement ce quartier ; le chef de terre de ce quartier organise la chasse sur une zone attenant à son quartier (hellek na Vondu na Mazgaw);
- Məsmasa, parmi les premiers habitants de Zigi, se subdivisent en deux sous-clans :
- Məsmasa na Dəgar, qui habitent le quartier Dəgar, dont ils sont Məsdəlva. On retrouve une famille à Gabla Golom
- Məsmasa na Buɗuku, habitants et Məsdəlva du quartier Buɗuku.
- Məbbərzaɗiya(ɗi), habitent le quartier Boh de Zigi Boh, dont ils sont Məsdəlva ; Vondu na Varvar organisait la chasse sur la zone attenant à son quartier ;
- Məgdara(ɗi),avec leurs différents sous-clans :
- Məgdara na Məlnya, le clan des chefs de Zigi Boh et Zigi Gabəla. A Boh, ils habitent le quartier Koriok où se trouve la chefferie ; à Gabəla, ils sont à Gədəv Gəla où habite l’actuel chef, à Dəgar et Mossomo ;
- Les sous-clans Məgdara na Parkən[5], Məgdara na Guzlungur[6], Mitirgəlom, Məstagarɗe, Mberewendi, Məgdara na Mətəpsa[7], Məgdara na Zlibe, Məgdara na Malmas, Məgdara na Lere, Məgdara na Tuya[8], les Məsgombor … habitent différents quartiers, mais surtout le quartier Daɓər, où ils sont majoritaires et Koriok où seréside le chef de Zigi Boh ;
- Məsgbegbere, considérés comme sous-clan des Məgdara, habitent le quartier Gədəv Gəla dont un des leurs du nom de Ngoyno fut, dans les années 50-70, le chef de terre ;
- Melketen(ɗe)na Məŋzla, les forgerons; ils habitant plusieurs quartiers dont Daɓər et Daway à Zigi Boh, Gədəv Gəla, Bodvor à Zigi Gabəla ainsi que Hele ;
- Melketen(ɗe)na Arba, prêtres, responsables du culte sur Kiyit Voru et chefs de terre à Daway, Bodvor et Mossomo ; le chef de terre de Mossomo possède une zone de chasse ;on les rencontre aussi à Gereme dont un des leurs est Lawan et à Hele, qu’ils dirigent également ;
- Mədərma (nge) habitent les quartiers Daɓər et Boh à Zigi Boh et Gədəf Gəla à Zigi Gabəla ; ils estiment être les chefs de terre légitimes de ce dernier quartier et feu Assana l’a dirigé jusquà sa mort il y a quelques années. Un Mədərma organisait également la chasse (Hellek na Gazigaŋ)
- Il y a encore une famille Məsbəzar, sous-clan Bəzar na Goɗoŋgoy, habitant le quartier Dabour[9] ;
- De même, il y a à Dabour, une famille de Məsbazaya[10].
Les clans de Bataw (Batao)[11].
Bataw était un champ des habitants de Zigi Boh, avant d’acquérir le statut de village par décision administrative du 19 septembre 1945, le village s’étant vite gonflé à la suite de la déviation de la route Garoua-Maroua pour la passer désormais par Figuil, Bidzar puis Bataw.
C’est pourquoi, les plus nombreux clans habitant Bataw sont ceux issus de Zigi. Mais, très vite, ce village attira des migrants venus de Lam et ses alentours, Kong-Kong, Boudva et Bidzar. Il n’est donc pas étonnant d’y retrouver les clans venant de tous ces villages.
- Məbbərzaɗiya. Le fameux Besse, puissant chef terre et féticheur, était un Məbbərzaɗiya, clan originaire de Zigi Boh, l’un des deux quartiers, avec Koriok, d’où partaient les paysans pour faire des champs à Bataw.
- Məgdara na Məlnya (Məgdara na Meketin). Le chef de Bataw est un prince envoyé par le chef de Zigi Boh pour gouverner ce petit hameau.
- Məkoriok
- Mədərma
- Melketin
- Bəzar na Məlnya
- Məparwan
- Məsbədva
- Məkarba
- Məzlama
Les clans de Mizuke.
Mizuke est un prolongement de Bataw. Par conséquent, on y retroue à peu près les mêmes clans.
- Məzlaga, le clan des chefs de terre
- Məgdara na Məlnya (Məgdara na Meketin), clan du chef de village
- Bəzar na Məlnya
- Melketin
- Mədaɓəra
Les clans de Matafal et villages environnants.
Du côté de Matafal, on compte 22 lawanats peuplés de multiples clans guidar. Mais Matafal et Doubas sont les villages autour desquels ces peuplements se sont établis. À Matafal, les deux clans originels ou autochtones sont les Məffəlaɗi, le clan de la chefferie, les Məsbazla, le clan des chefs de terre (məsdəlvinge) et le clan Məkotokoɗe, qui habitent principalement le quartier Meleme.
À Doubas il y a les Mətalhenge. La zone de Talha couvre les villages Doubas, Kapta Bandja et Boubou.
Dans les autres villages, on rencontre différents clans guidar, venus des autres régions du pays kaɗa.[12]
Les clans de Lam et villages environnants.
Lam
- Məzlama, le clan qui a donné son nom au village Zlam. C’est aussi le clan de l’un des deux Məsdəlvenge de ce village.
- Məsbəzar avec les sous-clans suivants :
- Bəzar na Məlnya, le clan du chef de Zlam
- Bəzar na Tembew, clan du deuxième Məsdəlva de Zlam.
- Bəzar na Tuya
- Bəzar na Gongiom
- Məparwan
- Mədəgərgiya, le clan des maîtres du vent.
- Məhoysoko, le clan des forgerons de Zlam
- Məkarba, migrants venus de Karba
- Mədaɓəra, migrants venus de Djougui
- Mədaway, le clan des devins
- Məssuaŋ[13]
Nioua
- Məgnəwa, le clan des chefs de terre, ayant donné le nom au village Gnəwa (Nioua)
- Məsbəzar avec les sous-clans suivants :
- Bəzar na milya, le clan du chef de Gnəwa
- Bəzar na Gnəwa
- Bəzar na Gongiom
- Bəzar na Dumgblous
- Məssarakə
- Məgdara
- Məskedeke
- Monzokoyo.
Həmbal (Houmbal)
- Məmbəla, le clan des chefs de terre, ayant donné le nom au village Həmbal
- Məsbəzar avec les sous-clans suivants :
- Bəzar na Məlnya, le clan du chef de Həmbal
- Bəzar na Məkarbaŋkə
- Bəzar na illia
- Bəzar na Gongiom
- Məzlama
- Mətalhange
- Mədəvɗe
- Mitirgəlom
- Gazgeɗi[14].
Dəva (Douva)
- Mədəva[15] avec des sous-clans, le clan ayant donné le nom au village Dəva (Douva)
- Mədəva na Lugum, le clan des chefs de terre de Dəva
- Mədəva na Məlnya, le clan des chefs du village Dəva[16]
- Mədəva na Tellem
- Məsbəzar avec les sous-clans suivants :
- Bəzar na Mətuturgəlom
- Bəzar na Məbenke
- Mədawayɗe, habitants du quartier Dohon Dəva
- Morkorko ou Məsuaŋ
- Məgarmaya[17]
- Monzokoyo.
Baɗia
- Məmbəla, le clan des chefs de terre
- Bəzar na Məlnya, clan du chef du village
- Məgarmay
- Mədəva
- Mətalhange
- Məgidiya.
Gidi (Guidi)
- Məgidiya, le clan des chefs de terre, ayant donné le nom au village Gidi
- Mədəva na Məlnya, clan du chef du village
- Morkorko
- Monzokoyo
- Məparwaŋ
- Gazgaɗi.
Les clans de Kongoŋ (Kong Kong) et villages environnants (Kong Kong, Balia, Dahal, Karba et Kossoum)
Kongoŋ (Kong Kong)[18]
- Məbolgodoŋ, le clan des chefs de terre
- Məsbəzar avec les sous-clans suivants :
- Bəzar na Məlnya, le clan du chef de Kong-Kong
- Bəzar na Tembew
- Bəzar na Tuya
- Bəzar na Gongiom
- Bəzar na Kortion
- Bəzar na Honhon
- Bəzar na Bagərma
- Məparwan
- Mədəgərgiya
- Mədaway
- Məkarba, migrants venus de Karba
- Məbanksa
- Məbenke.
ɗahal (Dahal)
- Məɗəhəla, le clan des chefs de terre de ɗahal
- Məsbəzar avec les sous-clans suivants :
- Bəzar na Məlnya, le clan du chef de ɗahal
- Mədəgərgiya
- Bəzar na Binglif
- Mədəva na Tellem
- Məpiŋtil.
Balia
- Məbalia, le clan des chefs de terre de Balia
- Məsbəzar avec les sous-clans suivants :
- Bəzar na Məlnya, le clan du chef de ɗahal
- Bəzar na Ilia
- Məleri
- Məbolgodoŋ.
Kəsuŋ (Koussoum)
- Bəzar na Tembew, le clan des chefs de terre de Kəsuŋ, le clan ancien des chefs de terre ayant disparu
- Məsbəzar avec les sous-clans suivants :
- Bəzar na Məlnya, le clan du chef de Koussoum
- Bəzar na Binglif
- Məparwan
- Məssereki.
Karba
- Məkarba, le clan des chefs de terre (Məsdəlva), le clan qui a donné son nom au village Karba
- Məsbəzar avec les sous-clans suivants :
- Bəzar na Tuya
- Bəzar na Gongiom
- Bəzar na Honhon
- Bəzar na Sukoy
- Mədaɓəra, migrants venus de Djougui
- Mədəlsa
- Morkorko.
Bədva (Boudva)
- Məgoŋ le clan des chefs de terre
- Məsbəzar avec diffr̈ents sous-clans
- Bəzar na Məlnya
- Bəzar na Məgoŋ
- Bəzar namba Memkpew
- Bəzar na Sukoy
- Bəzar na Səlha
- Məkoriok (prolongement des Məkoriok de Zigi voisin)
- Məzlaga
Les clans de Bəzar (Bidzar) et Buuw (Biou)[19]
Bəzar (Bidzar)
- Mambaya na Defsere, clan des chefs de terre
- Mambaya na Trene, clan des chefs des deux Bidzar
- Mambaya na Obah, clan des chefs de terre
- Mambaya na Kaabi, clan des chefs de terre
- Məpkimtil, clan des chefs de terre
- Məbazaya, clan des chefs de terre
- Bəzar na Sukoy
- Bəzar na Tembew
- Məgdara na Parkən
- Mittirgəlom
- Melteten
- Məkorsiyomɗe
- Məsbəvaɗi
- Məhoysokoɗe
- Məkarbaŋɗe
- Mədərma
- Məkoryok
- Məbbərzaɗia
- Məsminzil
Biou
- Məkoriok, clan des chefs de terre
- Mambaya na Trene, clan du chef de Biou
- Məsgombor
- Monzokoyo
- Məgdara
- Məsgbegbere
- Məkarba
- Məzlama
- Məsminzil.
- Les légendes, les devises et les interdits des clans
Chaque clan a ses légendes, qui ertracent son histoire, ses devises et ses interdits. Un travail approfondi doit être mené pour les enregistrer et contribuer ainsi à la connaissance de l’histoire du peuple guidar.
A titre d’exemple, voici deux légendes qu’on raconte dans le clan Məgdara.
Selon une de ces légendes, racontée par mon feu Oncle Təmba na Barka, un Məgdara na Parkən, le premier chef Məgdara, était aveugle. Son fils aîné, Tizi l’escroquait lors du partage de la viande. Le second, Zərmba, était, au contraire, très attentionné. Chaquefois que c’était son tour de s’occupait de la cour, les notables étaient contents. Leur mère s’appelait Dawaykə. Elle maltraitait son époux. Tizi a incité le cadet, Təmba, à frapper leur mère. Puis, Təmba a fui pour aller à Parkən.
Avant sa mort, le chef avait promis le plus grand cheval à son fils aîné et le plus petit à Zərmba. Il leur a dit qu’ils devaient concourir et le premier serait intronisé chef. Zərmba, avec son petit cheval, arriva le premier et reçut la chefferie en héritage. C’est depuis ce temps que les descendants de Tizi sont devenus les Məstagar, ceux de Zərmba les Məgdara na Məlnya et les descendants de Təmba constituent le sous-clan des Məgdara na Parkən.
La deuxième légende est rapportée par Toumbaya Tiye, un Məgdara Kokote de Biou. Il la tenait de sa grand-mère paternelle.
Les Məgdara seraient subdivisés en trois sous-clans, les Məksuko, les Məgdara dit Kokote ou Məgdara na Məlnya et les Məgdara na Bobok. Le premier sous-clan est constitué des descendants de l’aîné du fondateur du clan, Tizi ; le second est le sous-clan des descendants de Zərmba, le plus aimé des enfants, qui devint héritier de la chefferie, et le troisième sous-clan, descendant de Təmba, le frère dénigré à cause de sa femme à laquelle il était soumis.
La légende raconte que les Məgdara fuyaient la vendetta qui pesait sur eux, suite à un meurtre commis par un des leurs. La nuit, dans leur fuite, ils se cachaient dans une mare, appelée en guidar, bobok et y dormaient, avant de continuer le lendemain. Les Məzlaŋ zlaŋ ɓa (Ne répondons pas), comme ils se le préconisaient, quittaient au petit matin et s’avancaient dans leur fuite. L’un d’eux, après avoir reçu des confidences de sa femme, décida de retourner à leur refuge, malgré les risques de mort par vengeance qu’il encourait. Ses frères lui demandèrent les raisons de son volte-face, mais il s’abstint de le leur dire. Il laissa les autres et sa femme avancer vers la destination lointaine. Il retourna dans le bobok et retrouva le colis que sa femme y avait oublié. Il s’agissait de la garniture (bəssa) bien tissée pour ses menstrues. Dans la fuite, il lui fallait d’autres garnitures parce que jetables et puisqu’elle ne pouvait avoir de temps pour en tisser des nouvelles, elle enjoignit à son mari de retourner lui récupérer celle qu’elle avait oubliée.
Lorsqu’il revint retrouver ses frères, ceux-ci l’accablèrent de questions pour savoir pourquoi était-il retourné au bobok. Sommé de s’expliquer, ce dernier présente le colis de sa femme qu’il est allé récupérer. Il fut l’objet de railleries de la part de ses frères qui lui collèrent le surnom de Məgdara na Bobok.
La devise des Məgdara est Korvon na Gədarə. Korvon est un figuier qui trône souvent au milieu du village, son nom scientifique est Ficus platyphylla. Aujourd’hui encore il y a des grands Korvon dans la cour du chef de Guider.
L’inderdit (zəga nawmu’o) des Məgdara est le guépard (De’en).
La légende des Məzokoyo raconte que ce clan est arrivé dans les villages actuels de Douva ou Guidi en fuyant une vendeta. Ce peuple vivait à Məzokoy (pays Daba). Un jour un voisin à un Məzokoyo accusa son enfant d’avoir mangé ses boulettes de termites. Le père de l’enfant plaida son innocence, vainement. Pour trancher l’affaire, on décida d’éventrer l’enfant. On n’y trouva pas de traces de termites. On décida d’éventrer le chien de l’accusateur. Il se trouva que le canin est le coupable. Feignant d’accepter les excuses de l’accusateur, le père de l’enfant faussement accusé et éventré prépara la vengeance. Le lendemain, tous les membres du clan de la victime s’abstinrent d’aller aux champs. Pendant que l’accusateur et les membres de son clan étaient absents, ceux du clan de Məzokoyo égorgèrent tous leurs enfants et exposèrent les cadavres sur les hangars, à la merci des charognards. Puis, ils quittèrent tous le village en marchant à reculons, de façon à brouiller leurs traces jusqu’à la rivière. Après avoir franchi le cours d’eau, ils se remirent dans le sens de la marche et s’installèrent dans leurs villages actuels. C’est pourquoi, une de leurs devises est « dədaw madeder » (qui a marché à reculons). La devise des Məsbəzar est Dongo ; celle des Melketin, Voru ; les Mədəvɗe ont comme devise Melinge (l’or) et pour interdit, la panthère (Balgam). Les Mədaɓəra, Məkoriok et Məsgabəla ont comme devises « Tingui, Məkokya na tayna, Dəziy mel a gagia, Baŋgay (Ibis hagedash), Dədaw məlpa məlpa » ; leur interdit est l
[1] Le 08 août 2017
[2] Collard, Chantal. Organisation sociale des Guidar ou Baynawa (Cameroun septentrional). Thèse présentée en vue du grade de docteur en sociologie, à l’Ecole pratique des hautes études, Université de Paris X, 1977.
[3] Le village de Djougui. 20 ans d’expérience d’un Comité de développement, Sous la direction d’Albert Douffissa.
[4] Les clans Mədaɓəra, Məkoriok et Məsgabəla, sont apprentés à certains clans Moundang et Guiziga. Une association supraclanique regroupant ces lignages Guidar, Moundang et Guiziga existe d’ailleurs et a eu à tenir une de ses réunions à Djougui. Par ailleurs, dans un récit du clan Məbbərzaɗiya que nous avons rapporté dans le livre sur Djougui, il apparaît que le fondateur du clan serait d’origine Moundang.
[5] Les descendants de Barka, à Dabour.
[6] Les descendants de Gidi, Madə Səɗup et de Die, à Dabour.
[7] Originaires de Moutoupsa, vers Guidi. Dikwa, fils de Kangu, qui avait été chef de Zigi Gabla, en était un.
[8] Les Dəvay et Dəgohəni à Koriok.
[9] Daway na Awza, dit Goriom na Awza; Awza est venu de Kong Kong et s’était établi dans le quartier Gədəf Gəla
[10] La famille Dəvay dont les enfants Toŋgu na Dəvay et Mənay habitait à Dabour. Un de ses descendants y est toujours.
[11] La description des clans faite ici reprend celle de Chantal Collard dans sa thèse intitulée « Organisation sociale des Guidar ou Baynawa (Cameroun septentrional), 1977 et a été complétée par plusieurs informateurs que nous avons contactés.
[12] Notre informateur Garga Madi cite comme villages autour de Matafal, les villages suivants : Ouro ɗama, Mambaza, Golvon, Malway, Ouro Gabal, Kapta Haoussa, Mazgam, Kapta Madi, Bedeve, Ouro Tué, Sarwa, Ngolourde, Badagaire, Babarkine, Lougguere Daway.
[13] Ce clan est originaire de Suwa, un village situé en pays giziga.
[14] Ce sont des Giziga qui ont perdu maintenant l’usage de leur langue au profit du guidar et sont petit à petit assimilé à un clan guidar. On les retrouve dans ces villages voisins du pays giziga.
[15] D’après notre informateur, Moussa Damba, les Mədəvɗe seraient apparentés aux Giziga et aux Mofu de Douvangar, d’où serait dérivé le nom Douva.
[16] D’après le même informateur cité ci-dessus, un des chefs de Douva avait deux fils jumeaux, Alwa et Masay. A la mort de leur père, le village fut divisé en deux parties, chacune dirigée par l’un des fils. Masay mourut en premier et à sa mort, on réunifia le village pour le confier à Alwa. Celui-ci, avant sa mort, demanda que la chefferie soit confiée à un des fils de son frère Masay. Masay est arrière-grand père de député Douvaouissa et Alwa, arrière-grand-père de notre informateur, Moussa Damba
[17] Originaire de Zibou, village Giziga, juste après le carrefour Magada
[18] Voici une note de l’Administrateur Beaudelaire, chef de Suddivision de Guider, du 8 août 1944, à la suite d’une tournée de 9 jours dans le pays guidar.
« Le rapport d’octobre 39 esquissait les origines respectives des 14 agglomérations guidar de l’EST.
Il ressort que le clan de Kong Kong (Balia, Dahal, Kossoum, Karba) serait originaire du pays mambay (soit Gid’mé, près de Kakala, soit Biparé).
Il y a divergences parmi les informateurs au sujet de l’origine de Dahal ; selon certains, serait issu de Goudour (près Zamay, mokolo) ainsi que Matafal. Une enquête sera ultérieurement faite sur ce point.
Le village Kong Kong est actuellement commandé par le vieux TOUMBA qui, dit-il, aurait été nommé par DUHRING ( ?). Il serait le ciquième chef de clan, ses prédecesseurs étant : MADI, dit « Mouli » Kong Kong, MALAY dit « Pepereng », TIZI dit « Didam » et TODOU dit « Kanawissa ».
Selon TOUMBA et les anciens du village, le fondateur du clan, près avoir quitté le pays mambay, serait venu fonder Bidzar. C’est un rameau de la famille qui serait venu s’installer dans les rochers de Kong Kong.
Les satellites de Kong Kong, sauf Karba (c’est-à-dire Balia, Dahal et Kossoum) n’ont une existence autonome (point de vue administratif) que depuis 1926 ou 1927. Auparavant, ces quatre vilages étaiet considérés comme quartiers de Kong Kong. »
[19] De nombreux clans dans les villages de Bidzar et Biou montrent que ces villages ont constitué des étapes de migrations à partir des villages situés autour des ontagnes de Lam, Kong Kong, Boudva et Djougui.
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